La nuit d’enfer d’Antranik
Antranik, qui a accompagné Stéphane et Lionel la nuit dernière, revient sur cette nuit qu’il qualifie d’ « enfer » :
Nous comptions arriver au Refuge d’Ull de Ter vers 23 heures minuit, finalement nous y sommes arrivés à 22 h. Depuis un moment nous étions environnés d’orages, nous recevions beaucoup de pluie, et un vent énorme balayait les crêtes à 2 800 m sur lesquelles nous progressions. C’était vraiment l’enfer.
En repartant du refuge, à cause de brouillard et de la nuit nous avons loupé une bifurcation qui devait nous faire poursuivre sur le GR10, et nous sommes partis sur la HRP (Haute Route Pyrénéenne). Nous sommes descendus jusqu’à une station espagnole, c’était le désert complet. Avec l’orage tout proche, nous avons préféré trouver un abri pour nous reposer un peu et attendre que ça passe.
Il n’y avait pas grand chose alors nous nous sommes installés sous l’avancée d’un magasin, nous sommes enveloppés dans nos couvertures de survie, et avons dormi – enfin essayé – deux heures.
Après minuit, le ciel semblait étoilé, nous sommes donc repartis, mais la pluie a vite repris… Vers 4 h du matin Stéphane et Lionel commençaient sérieusement à fatiguer, on a donc pris la décision de trouver un endroit pour se reposer un peu. Il faut dire qu’ils étaient partis depuis 24 heures eux ! Sans compter les huit jours précédents…
On a donc décidé de bifurquer sur le GR10 pour rejoindre le refuge le plus proche, celui de Mariailles. On y est arrivés entre 5 et 6, mais il était bien sûr fermé. Par chance une porte était ouverte, elle donnait sur un garage à outillages. Nous avons étendu une bâche sur le sol, et nous y sommes allongés enveloppés une nouvelle fois dans nos couvertures de survie.
Après deux trois heures de sommeil agité, nous sommes allés prendre un petit-dejeuner au refuge, et sommes repartis sur le GR en contournant le Canigou. L’équipe d’assistance nous attendait au Refuge de Batère. Sur le chemin, alors que nous étions peut-être à 70 km de la mer, nous l’avons aperçue à l’horizon. Là, aucun doute dans nos esprits : ça y est, c’est bon !
Nous ne sommes arrivés au Refuge de Batère que vers 17 h. Les deux coureurs ont eu le droit à une douche, du change, les massages et soins, un bon repas, et ils sont d’attaque pour le final.
Ah, une petite anecdote concernant cette nuit : j’avais emporté du matériel médical au cas où, des seringues pour les ampoules, de la bande pour strap, et Thomas m’avait bien montré quelques manipulations de base. Heureusement, car j’ai eu une délicate intervention à pratiquer ! Un des godasses de Steph a complètement explosé, et j’ai dû lui faire un strap !
C’était une nuit mémorable…
Photo : Antranik au Trail de la Sainte-Victoire